J'écris
de la permanence où j'ai été séquestrée par le principal adjoint
Saporella, qu' Hydargos le maudisse! Ce mec c'est Pinochet ascendant
Thatcher, le geôlier du collège. Si t'as le malheur de le croiser
dans le couloir en dehors des heures de cours avec son manteau
marron-caca, t'es sûr que t'es archi-mort avec personne pour même
venir oser cracher sur ta tombe. Il te chope je te jure que tu prends
perpète de permanence sans espoir qu'Amnesty International fasse
signer une pétition. En gros, t'es prisonnier des geôles fascistes
pire qu'Abel Chemoul.
Bon
après, on a été séquestré parce qu'on a un peu déconné,
j'avoue. Enfin moi j'y suis quasiment pour rien ou presque. Vous
vous souvenez de la salle d'Histoire Géo, celle où j'ai chialé
toutes les larmes de mes treize ans quand Marc a cassé? Bin une de
ses fenêtres est située au dessus d' un escalier qui mène au préau
de la cour des bâtiments Louis Grobet . ( Notre bahut c'est super
compliqué en gros l'entrée du collège se fait par la rue Louis
Grobet d'où le nom des bâtiments tandis que l'entrée du lycée se
fait par la rue Guy Fabre, le seul truc que vous devez comprendre
c'est qu'on se fait défoncer quand on est dans les bâtiments du
lycée ou quand on essaye de s'échapper par la rue Guy Fabre pour
aller s'acheter une pizza à dix heures, toujours par Saporella et
ses sbires, de toutes façons, on se fait dynamiter quatre-vingt dix
neuf pour cent du temps rien que respirer c'est dangereux dans ce
bahut de merde).
Bref, inutile de vous dire que c'est pas très compliqué de se
hisser sur le rebord de ladite fenêtre, on peut même s'y caler si
on est pas trop nombreux et on s'en prive pas pour être un peu
tranquille après la cantine sauf que of course c'est méga-verboten.
Aujourd'hui il pleuvait, alors on s'est serré à mort pour
s'abriter, d'habitude on est cinq-six maxi, là on était au moins le
double, assis les uns sur les autres et évidemment c'est parti en
laïve, ça a commencé à se pousser, il y a eu deux-trois baffes
échangées et à un moment ben à force de se pousser et de se
mettre des taquets, je sais pas comment c'est arrivé, on a dû appuyer comme des barjots sur la vitre et elle a cédé, en gros
elle a explosé sous le poids et moi qui était dessous le moulon ben
je suis passée à travers et j'ai atterri de l'autre côté dans la
salle, contre la grille du radiateur. Tout le monde gueulait, c'était
un bordel pas possible et puis ceux qui étaient au dessus du tas ont
commencé à se barrer en courant. Ceux du dessous, ou ceux qui
avaient un brin d'humanité sont restés pour voir comment j'allais
mais moi j'étais ni mutilée ni rien, ma première réaction ça a
été de hurler de rire en fait et c'est là que Saporella nous est
tombé dessus. Il est arrivé en mode iroquois, il a surgi
de nulle part, le mec a une technique trop sournoise, on l'entend
jamais arriver du coup gros coup de filet et BIM tous en permanence jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Réflexe
numéro un, bien que l'infâme Saporella nous ait filé un devoir a
faire, j'ouvre mon journal, comme à chaque fois que je m'ennuie.
J'ai commencé à traduire les paroles d'une chanson de Billy Idol,
un peu ballade, pour une fois qu'il est pas en mode punk à clous trop
énervé avec son sneer, son truc avec la lèvre de travers
là.
La
chanson c'est Eyes Without A Face, c'est le titre un vieux
film français aussi je l'ai vu au Cinéma de Minuit avec le
générique plein d'yeux de stars du cinéma justement mais à mon
avis Billy Idol il doit pas le savoir, c'est pour ça que le refrain
de la chanson est en français : Les Yeux Sans Visage, enfin
c'est ce que j'imagine.
I
spend so much time
Believing all the lies
To keep the dream alive
Now it makes me sad
It makes me mad at truth
For loving what was you
Believing all the lies
To keep the dream alive
Now it makes me sad
It makes me mad at truth
For loving what was you
J'ai
passé tant de temps/
A
croire tous ces mensonges/
A
garder ce rêve vivant/
Maintenant
ça me rend triste/
Ça me
met en colère contre la vérité/
D'avoir
aimé ce que tu as été.
C'est
fou comme encore les paroles me parlent de Marc et d'un coup d'un
seul je comprends que c'est fini que je suis encore triste et en
colère mais que je ne l'aime plus et que même à la rigueur je me
demande ce qui m'a pris. Après tout comme le dit David, qui sait
s'il m'a jamais aimée? Tout ça pour un Take Care Rio écrit au Ball
Pentel sous la pluie. C'est Billy Idol qui a raison, ça rend barge
la vérité.
Je
finis mes traductions de paroles et je me mets à dessiner des yeux.
J'ai commencé en sixième je crois et je ne me suis plus jamais
arrêtée. Ca m' a pris à cause d'Albator, le dessin animé. Ses
ennemies ce sont les Sylvidres avec leur reine Sylvidra et en gros
elles veulent envahir la terre. Ce ne sont pas des vraies femmes en
fait ce sont des plantes mais elles ressemblent à des sirènes ou
des nymphes, elles ont de longs cheveux et des yeux pas possibles
avec des cils de dix kilomètres. Elles ont la peau blanche comme
Isabelle Adjani et quand elles meurent elles poussent un cri strident
qui fait très peur et elles brûlent dans une flamme verte vu que
c'est des plantes à la chlorophylle, sauf leur reine Sylvidra, elle se bat contre Albator et on s'aperçoit qu'elle saigne rouge et qu'il
y a une embrouille mais ça c'est à la fin. Donc moi , au début je
voulais dessiner des Sylvidres en entier mais c'était très nul,
j'ai fini par ne plus faire que les yeux et les maquiller à mort.
Les
dessins animés japonais de chez Dorothée, c'était un champ de
bataille à la maison. Au primaire, tout le monde matait Goldorak
avec ses astéro-haches pour niquer la gueule au Golgoth 13 de
l'infâme Hydargos mais nous on avait pas le droit, mes parents
trouvaient que c'était débile. Mon
HYDARGOS |
J'écris
du bus maintenant, le 11, “La Flèche d'Allauch'” comme on la
surnomme.
J'en
étais là donc à dessiner des yeux sans visage, comme dans la
chanson de Billy et j'ai senti quelque chose glisser sur mes cheveux
et en même temps j'ai entendu un chuchotement à mon oreille comme
un soupir de Sylvidre ou peut être que c'était l'oeil-chorophylle
dans lequel je m'étais un peu perdue, j'en sais rien mais il s'est
passé un truc pas net et j'ai levé la tête.
Et
puis j'ai vu ce regard au dessus de moi. Deux yeux verts, les
mêmes que ceux de la chanson de David “Cat People” vous vous
souvenez? Des yeux plus froids que la lune, j'ai cru que Sylvidra
m'avait captée et qu'elle allait me balancer à Saporella, lui
cafter que j'étais en train de dessiner les plans d'évasion genre
Edmond Dantes au Château d'IF.
Putain
je SAIS où j'ai vu ce mec!
Merde, le bus démarre, galère d'écrire,
je reprends plus tard.
Oh la la ! Et il y a du suspense, en plus, cette fois ! Bon, eh ben, on patientera.
RépondreSupprimerJe ne savais pas qu'on était pas censé savoir qu'Anthony était mort. Je comprends mieux à présent pourquoi je trouvais que ce n'était pas clair, cette histoire.
Plein de bisous.
haha! Si je n'avais pas lu Télérama je ne l'aurais jamais su! Vive les parents profs! bisous
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