lundi 10 avril 2017

Les Yeux Sans Visage ou comment je suis passée par la fenêtre en vert et contre toute attente. (Against All Odds)




J'écris de la permanence où j'ai été séquestrée par le principal adjoint Saporella, qu' Hydargos le maudisse! Ce mec c'est Pinochet ascendant Thatcher, le geôlier du collège. Si t'as le malheur de le croiser dans le couloir en dehors des heures de cours avec son manteau marron-caca, t'es sûr que t'es archi-mort avec personne pour même venir oser cracher sur ta tombe. Il te chope je te jure que tu prends perpète de permanence sans espoir qu'Amnesty International fasse signer une pétition. En gros, t'es prisonnier des geôles fascistes pire qu'Abel Chemoul.

Bon après, on a été séquestré parce qu'on a un peu déconné, j'avoue. Enfin moi j'y suis quasiment pour rien ou presque. Vous vous souvenez de la salle d'Histoire Géo, celle où j'ai chialé toutes les larmes de mes treize ans quand Marc a cassé? Bin une de ses fenêtres est située au dessus d' un escalier qui mène au préau de la cour des bâtiments Louis Grobet . ( Notre bahut c'est super compliqué en gros l'entrée du collège se fait par la rue Louis Grobet d'où le nom des bâtiments tandis que l'entrée du lycée se fait par la rue Guy Fabre, le seul truc que vous devez comprendre c'est qu'on se fait défoncer quand on est dans les bâtiments du lycée ou quand on essaye de s'échapper par la rue Guy Fabre pour aller s'acheter une pizza à dix heures, toujours par Saporella et ses sbires, de toutes façons, on se fait dynamiter quatre-vingt dix neuf pour cent du temps rien que respirer c'est dangereux dans ce bahut de merde).

Bref, inutile de vous dire que c'est pas très compliqué de se hisser sur le rebord de ladite fenêtre, on peut même s'y caler si on est pas trop nombreux et on s'en prive pas pour être un peu tranquille après la cantine sauf que of course c'est méga-verboten. Aujourd'hui il pleuvait, alors on s'est serré à mort pour s'abriter, d'habitude on est cinq-six maxi, là on était au moins le double, assis les uns sur les autres et évidemment c'est parti en laïve, ça a commencé à se pousser, il y a eu deux-trois baffes échangées et à un moment ben à force de se pousser et de se mettre des taquets, je sais pas comment c'est arrivé, on a dû appuyer comme des barjots sur la vitre et elle a cédé, en gros elle a explosé sous le poids et moi qui était dessous le moulon ben je suis passée à travers et j'ai atterri de l'autre côté dans la salle, contre la grille du radiateur. Tout le monde gueulait, c'était un bordel pas possible et puis ceux qui étaient au dessus du tas ont commencé à se barrer en courant. Ceux du dessous, ou ceux qui avaient un brin d'humanité sont restés pour voir comment j'allais mais moi j'étais ni mutilée ni rien, ma première réaction ça a été de hurler de rire en fait et c'est là que Saporella nous est tombé dessus. Il est arrivé en mode iroquois,  il a surgi de nulle part, le mec a une technique trop sournoise, on l'entend jamais arriver du coup gros coup de filet et BIM  tous en permanence jusqu'à ce que mort s'ensuive.

Réflexe numéro un, bien que l'infâme Saporella nous ait filé un devoir a faire, j'ouvre mon journal, comme à chaque fois que je m'ennuie. J'ai commencé à traduire les paroles d'une chanson de Billy Idol, un peu ballade, pour une fois qu'il est pas en mode punk à clous trop énervé avec son sneer, son truc avec la lèvre de travers là.
La chanson c'est Eyes Without A Face, c'est le titre un vieux film français aussi je l'ai vu au Cinéma de Minuit avec le générique plein d'yeux de stars du cinéma justement mais à mon avis Billy Idol il doit pas le savoir, c'est pour ça que le refrain de la chanson est en français : Les Yeux Sans Visage, enfin c'est ce que j'imagine.


I spend so much time
Believing all the lies
To keep the dream alive
Now it makes me sad
It makes me mad at truth
For loving what was you


J'ai passé tant de temps/
A croire tous ces mensonges/
A garder ce rêve vivant/
Maintenant ça me rend triste/
Ça me met en colère contre la vérité/
D'avoir aimé ce que tu as été.


C'est fou comme encore les paroles me parlent de Marc et d'un coup d'un seul je comprends que c'est fini que je suis encore triste et en colère mais que je ne l'aime plus et que même à la rigueur je me demande ce qui m'a pris. Après tout comme le dit David, qui sait s'il m'a jamais aimée? Tout ça pour un Take Care Rio écrit au Ball Pentel sous la pluie. C'est Billy Idol qui a raison, ça rend barge la vérité.



Je finis mes traductions de paroles et je me mets à dessiner des yeux. J'ai commencé en sixième je crois et je ne me suis plus jamais arrêtée. Ca m' a pris à cause d'Albator, le dessin animé. Ses ennemies ce sont les Sylvidres avec leur reine Sylvidra et en gros elles veulent envahir la terre. Ce ne sont pas des vraies femmes en fait ce sont des plantes mais elles ressemblent à des sirènes ou des nymphes, elles ont de longs cheveux et des yeux pas possibles avec des cils de dix kilomètres. Elles ont la peau blanche comme Isabelle Adjani et quand elles meurent elles poussent un cri strident qui fait très peur et elles brûlent dans une flamme verte vu que c'est des plantes à la chlorophylle, sauf leur reine Sylvidra, elle se bat contre Albator et on s'aperçoit qu'elle saigne rouge et qu'il y a une embrouille mais ça c'est à la fin. Donc moi , au début je voulais dessiner des Sylvidres en entier mais c'était très nul, j'ai fini par ne plus  faire que les yeux et les maquiller à mort.

Les dessins animés japonais de chez Dorothée, c'était  un champ de bataille à la maison. Au primaire, tout le monde matait Goldorak avec ses astéro-haches pour niquer la gueule au Golgoth 13 de l'infâme Hydargos mais nous on avait pas le droit, mes parents trouvaient que c'était débile. Mon
HYDARGOS

père m'a expliqué que la qualité n'avait rien à voir avec les Disneys qui filment trente-six dessins à la seconde, que les trucs japonais c'est vraiment cheap . Il a réalisé un dessin animé mon père, il y a longtemps avec les personnages des Shadoks. Il a des bouquins qui en parlent, avec les techniques de réalisation etc... C'est sûrement vrai tout ce qu'il dit et même s'il me laisse regarder les Tex Averys à la Dernière Séance, moi j'aime bien voir Candy qui court avec le décor qui bouge pas derrière. Candy j’étais méga-fan aussi, elle est trop forte, tous les mecs se l'arrachent et pas les plus moches, le Prince de la Colline, Anthony, Terry Grandchester (mon préféré, c'est trop un bad boy). Candy c'est l'équivalent d'Angélique, elle se laisse jamais abattre même quand on la fait chier genre Elisa et Daniel avec leurs yeux rouges. Je me rappelle au primaire, le jour où Anthony est tombé de cheval, moi j'avais raté l'épisode et tout le monde est arrivé en disant “Anthony est mort “ et j'ai maudit mes parents. En rentrant, je me suis jetée sur la télé pour tomber sur Dorothée qui expliquait qu'Anthony était pas mort finalement, juste blessé et je me suis dit que ça puait l'arnaque. J'ai su la vérité un peu plus tard lorsque mon père m'a fait lire un article de Télérama qui expliquait que le standard d'Antenne 2 avait explosé et que du coup ils avaient été obligé de changer le doublage en catastrophe et faire croire à une blessure, je me rappelle ça disait “Et Anthony, enterré au Japon soigne toujours ses côtes cassées en France”. Ça m'a fait rire et je me suis dit que mon père avait raison c'était quand même un peu de la merde. J'ai été moins accro à Albator mais les Sylvidres elles m 'ont sciée et j'ai commencé à dessiner leur yeux verts sans m'arrêter. (note de la blogueuse : impossible de trouver une version française de la mort d'Anthony, puisque censurée au pays de Dorothée donc bah la muerte de Antoni, ça me paraît explicite)



J'écris du bus maintenant, le 11, “La Flèche d'Allauch'” comme on la surnomme.

J'en étais là donc à dessiner des yeux sans visage, comme dans la chanson de Billy et j'ai senti quelque chose glisser sur mes cheveux et en même temps j'ai entendu un chuchotement à mon oreille comme un soupir de Sylvidre ou peut être que c'était l'oeil-chorophylle dans lequel je m'étais un peu perdue, j'en sais rien mais il s'est passé un truc pas net et j'ai levé la tête.
Et puis j'ai vu ce regard au dessus de moi. Deux yeux verts, les mêmes que ceux de la chanson de David “Cat People” vous vous souvenez? Des yeux plus froids que la lune, j'ai cru que Sylvidra m'avait captée et qu'elle allait me balancer à Saporella, lui cafter que j'étais en train de dessiner les plans d'évasion genre Edmond Dantes au Château d'IF.

Au bout d'un moment, je suis revenue à moi dans la permanence et j'ai compris que c'était pas du tout une Sylvidre qui me matait mais un mec de Quatrième qui me disait vaguement quelque chose. Au moment où je l'ai regardé, il a détourné les yeux aussi sec et je me suis demandée si je n'avais pas rêvé.

Putain je SAIS où j'ai vu ce mec! 



Merde, le bus démarre, galère d'écrire, je reprends plus tard.















2 commentaires:

  1. Oh la la ! Et il y a du suspense, en plus, cette fois ! Bon, eh ben, on patientera.
    Je ne savais pas qu'on était pas censé savoir qu'Anthony était mort. Je comprends mieux à présent pourquoi je trouvais que ce n'était pas clair, cette histoire.
    Plein de bisous.

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    1. haha! Si je n'avais pas lu Télérama je ne l'aurais jamais su! Vive les parents profs! bisous

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