lundi 11 septembre 2023

Podcast Grand Pacific Frissons

"Un voyage, une promesse, un frisson, elle le tient dans la main son Grand Pacific Citron. Un été tout neuf, celui des treize ans . La journée , on se rafraîchit en plongeant dans les eaux turquoises des calanques et le soir la température monte dans les salles obscures en croquant dans des esquimaux jaune citron au goût acide des premiers désirs."

mardi 4 avril 2023

GRAND PACIFIC CITRON

 





Grand Pacific Citron.


Dans ma main, je le tiens. Une promesse, un voyage, un frisson, l’évasion, je le tiens mon grand Pacific Citron. Je referme mes doigts sur le bâtonnet, je le tiens entre le pouce et l’index, comme sur le panneau publicitaire visible à l’entrée du cinéma. En bas à droite, le petit esquimau des Glaces Gervais me garantit un bon moment tandis qu’au loin se découpe la silhouette d’un atoll paradisiaque, sur une promesse de crépuscule tropical. 


Une fois assise, je sors la glace de son emballage, lentement, découvrant sa forme allongée, son extrémité arrondie, et ses aspérités à la surface. Je suis avec une copine  blonde au carré parfait et lisse. La journée, son une-pièce turquoise à l’échancrure brésilienne, révèle ses longues jambes bronzées, et les zones plus claires de son aine et de ses aisselles. Je la regarde rire avec l’aisance des filles qui n’ont pas peur des poils ni des bourrelets. Elle ferme à demi ses paupières lorsqu’elle s’allonge sur les rochers, ses longs cils filtrent son regard vert émeraude. Elle sent bon l’ambre solaire, je meurs d’envie de toucher ses cheveux dorés, de poser mes doigts à l’échancrure de son maillot brésilien, où traîne peut être encore un parfum âcre de crème dépilatoire. Les garçons de l’été s’agitent autour d’elle, parlent fort, multiplient les plongeons carpés, les sauts de l’ange, les saltos. Eux aussi, je les dévore des yeux, leurs sexes plaqués sous leurs bermudas à fleurs, leurs mollets poilus, zébrés de cicatrices blanchâtres, leurs mains et leurs genoux écorchés lorsqu’ils se hissent sur les rochers, leurs cheveux mouillés mi-longs qu’il secouent avec dédain pour les rejeter en arrière. 





Assise dans le fauteuil du premier rang, je ferme les yeux. A bord de mon hydravion jaune, je me pose sur les eaux turquoises de l’atoll. J’ôte ma combinaison de pilote, mon maillot à l’échancrure brésilienne galbe mes jambes parfaites, je serre sur mes cheveux humides un bandana citron. Là bas, dans la cabane sur pilotis, un homme  prépare une boisson anisée qu’il verse dans un verre rempli de glaçons. Je plonge, on voit mon corps exécuter un crawl impeccable, ce qui me permet d’éviter de justesse le requin prêt à croquer mes fesses lisses comme un caramel. Je gravis l’échelle du ponton, mon pied nu, impeccablement pédicuré, laisse une trace sur le plancher qui s’évapore sous la chaleur. Je rejoins l’homme dans la cabane, saisit le verre dont la fraîcheur fait se condenser des gouttelettes sous mon nez parfait.



J’ai croqué dans  l’esquimau. Mon cerveau se fige instantanément. Je pousse un soupir, le garçon assis à côté tourne légèrement la tête, et dépose une veste noire à doublure écossaise sur le siège qui nous sépare. A la naissance de son poignet, s’entrelacent les lignes bleutées d’un tatouage inachevé. De lui, je n’aperçois que le profil, le nez fin, les cheveux mi-longs, un peu auburns  encore frais de la douche prise à la sortie de la plage, des lèvres pleines et cette main blanche au longs doigts qui repose sur le blouson comme une fleur  coupée.  


Une nouvelle bouchée vient geler mes incisives. La salle est plongée dans le noir. Sur l’écran se dessine, comme en négatif, le portrait d’une femme. Sur le siège, la main, elle, est toujours là, comme un éclat de porcelaine poli par les vagues, réflétant le bleu infini de l’écran. Je m’accroche au batônnet comme à un radeau de survie. Mes doigts se font relais, terminaisons électriques, extrémités chargées d’énergie brûlante, lorqu’ils se posent à quelques centimètres de ceux du garçon. 


Dans la lumière ocre d’une chambre étroite deux corps nus s’étreignent, un tableau animé qui sanglote et qui gémit, au rythme du mouvement du bassin de la femme.  Sa toison noire a des boucles serrées comme de l’astrakan, ses dents de louve mordent l’épaule de son partenaire. De lui, je ne vois que les cheveux humides, les fesses qui ondulent et un poignet de force sur le bras musclé qui cloue la femme au lit, comme pour l’exorciser. Les gémissements s’accélèrent, puis plus rien, un appel d’air, une prise de souffle avant le soupir final et synchrone. Le bâtonnet glacé repose sur ma langue, la crème au citron coule sur mon menton, les doigts du garçon viennent de s’emparer de ma main gauche.



Les relais, les terminaisons, le courant électrique à haute tension, tout s’enclenche dans un halo de lumière saturée d’une diapositive Kodachrome. Les mains ne se lâchent pas, imbriquées, connectées, elles traversent le temps et l’espace, elles sont maintenant au dessus de ce rocher que l’on appelle Tahiti, dans un port de la Côte Bleue, avec la mer turquoise quatre mètres plus bas. Un appel d’air, un soupir, un élan, les corps qui sautent ensemble, qui pénètrent la masse liquide en même temps, le fracas de l’onde qui résiste, l’eau salée qui entre par tous les orifices. Les mains s’amalgament, se tendent vers le haut en direction des bulles d’air. Elles voyagent à la vitesse de la lumière, comme deux parallèles qui se sont enfin rencontrées, elles font surface ensemble, tandis que les bouches aspirent les premières goulées d’air. Les mains ne se lâchent plus, elles s’étreignent, s’embrassent, nimbées dans l’or de l’instant, elles exhalent des soupirs de désir ténu dans l’obscurité de la salle.



A l’avant d’un grand huit lancé à toute vitesse, écrasée sur mon siège par la main qui me maintient de toute la force de son poignet, mon coeur essouflé chauffe ma peau, un foyer d’incendie se propage entre mes cuisses, mon corps est une cabane sur pilotis qui se consume instantanément. Le bras qui me cloue au siège se fait cercle de fer, il s’épaissit, se couvre de poils tandis qu’une plume invisible achève d’y graver des mots à l’encre indélébile. Je suis le réseau social de ce corps qui m’écrase, les conversations secrètes qu’entretiennent les pleins et les déliés des lettres imprimées dans la chair, les cicatrices blanchâtres de blessures anciennes. Je survole les monts, les vallées, les dunes saupoudrées d’un duvet d’argent, je souffle, je nettoie et je passe. Les fluides de mes terminaisons nerveuses parcourent le visage, la moue enfantine, un peu durcie sous le poil dru de la moustache, le nez fin et poli comme du vieil ivoire, les sillons du front, la couronne de cheveux blancs, les yeux outrenoir qui avalent la lumière. 



Trois notes de piano serrent ma gorge, le vent expire dans un bout du monde perdu aux airs de Louisiane. Sur l’écran, l’homme et la femme sortent de la foire du monde. Plus rien sur le bout de ma langue et rien dans le creux de mes mains, juste le désespoir et le ravissement de ne pas avoir su retenir la saveur d’une glace trop sucrée, ni les bulles remontant à la surface après un plongeon. La main se retire comme une vague, les derniers feux d’un crépuscule déposé sur sa peau disparaissent. 




Une fois la lumière rallumée, le garçon passe ses doigts rapidement dans sa chevelure sèche pour en rectifier le pli, se saisit rapidement de la veste à doublure écossaise, en fouille les poches pour en extraire un emballage de chocolat glacé qu’il roule en boule avant de le jeter par terre. Je me retourne vers ma copine blonde, qui me signifie d’un clin d’oeil, qu’elle le trouve pas mal. Punaisée sur la porte d’entrée il y a l’affichette publicitaire des glaces Gervais. Le plastique qui la recouvre se décolle par endroit et les couleurs se sont ternies mais si on ne regarde que d’un certain côté, elles paraissent aussi vivaces qu’au premier jour.





mercredi 25 mars 2020

Podcast Dreamz are my Reality épisode 1



Bonjour à tous et toutes.
En ces temps pas fun du tout, Dreamz, ze blog, reprend du service sous la forme de podcast. Vous y trouverez toutes les aventures d'Isabelle, quelque part dans les années 80, au pays des gommes qui sentent bon, des slows qui tuent et des Royale Menthol fumées en cachette. Bonne écoute ! Et abonnez vous!

vendredi 11 août 2017

Las Vegas Parano Part 1 ou comment je me suis désintoxiquée des gommes transparentes qui sentent bon.

Design by Gerry the Cat
Aujourd'hui j'ai fait un truc un peu dingue et évidemment complètement interdit. Depuis quelques semaines je me dis que Fred me considère comme une petite bourgeoise coincée du cul. C'est peut-être pour ça qu'il alterne le calculage/décalculage. Je me suis dit qu'il fallait je fasse des trucs un peu plus rock-n-roll vu que lui je le vois se métamorphoser en punk/new-wave à vue d 'œil. A midi, Marie-Georges, ma copine qui écoute du hard rock et qui prend la Flèche d'Allauch avec moi m'a proposé d'aller à Las Vegas. Marie-Georges et moi on se connait depuis la sixième, on prend le bus ensemble tous les soirs jusqu'à ce que mort s'ensuive. Avant, on était comme les autres filles, on passait notre temps à la papeterie en face du lycée à s'acheter des figurines Panini pour nos albums Lovely Doll, des gommes transparentes qui sentent tellement bon que jamais de ta vie tu vas gommer
Gomme  qui sert à rien mais qui sent bon
avec et des étiquettes Little Twin Stars que l'on colle dans nos carnets Pierrot Love. On bavait aussi sur les pochettes ou encore mieux les valisettes dessinées par Gerry The Cat avec des séries de meufs maquillées hard-chinese, coupe sanglier et giga-noeud à la con dans les cheveux. Mais elles valaient au moins 100 francs alors laisse béton. On passait notre temps à fabriquer des scoubidous, il y a avait une nana complètement cinglée dans la classe qui en avait tressé un en couleurs pastels et qui le couchait entre deux kleenexs comme un bébé. C'était une vraie débauche de plumiers Marylin Monroe et de stylos Charlotte aux Fraises notre classe, je te jure, on était pathétiques. Moi, je faisais un peu gaffe, j'ai vite compris qu'avec les 35 balles d'argent de poche que mes parents me donnent par semaine je pouvais m'acheter des pizzas et des crêpes à la place des gommes qui sentent bon mais qu'on peut pas manger. On rigole pas trop dans la famille avec la bouffe, toute la famille du côté de mon père sont boulangers-pâtissiers comme pas mal d'italiens, je suppose. Mon grand-oncle a encore une pâtisserie-confiserie en face du Lycée Michelet qui s'appelle “le Petit Prince”, j'ai passé mes mercredis après-midis dans l'arrière boutique à me gaver de sablés trois trous à la confiture de myrtille. Il y a un miroir sur la porte pour mater ce qui se passe dans le magasin. Quand mon oncle récupère un gros billet de 100 ou 200 F, il le laisse pas dans la caisse, il le met derrière planqué, il a déjà été braqué, même que c
'est ma grand-mère qui a sorti le braqueur parce que c'était Noël et qu'elle en avait plein le cul de plier des marrons glacés dans du papier doré.



Bref, avec Marie-Georges on était bien sage, en trip Holly Hobbie et scoubidou, et puis ça lui pète, elle me dit laisse tomber la cantine on va à “Las”. Moi j'ai tout de suite pigé de quoi elle parlait, mais bon s'il y a bien un truc que mes parents m'ont interdit c'est d 'aller là bas. Comme je l'ai déjà dit, c'est un snack/ salle de jeu en bas de la Rue Guy Fabre. C'est surtout fréquenté par des grands du lycée ou des gens d'ailleurs, pas trop par des merdeuses qui collent des figurines Panini dans des cahiers Lovely Doll. Y a quelques mecs du collège qui y vont, mais ils essayent surtout de traîner à un autre snack le Well's Fargo, plus fréquenté par des jolies filles de secondes qui en ont rien à traire de leur misère sexuelle. Donc à midi, on s'escape en douce par la rue Guy Fabre et on va à “Las”. J'ai le ventre qui gargouille, Marie-Georges me sourit, rentre et fait la bise au patron direct, celui qu'on appelle “Le Baron”. Il a au moins quarante ans et pas l'air sympa du tout. Elle commande un Americano-jambon, je ne sais pas ce que c'est mais ça m'a pas l'air génial alors je prends un tournedos-frites avec un Indien. (orangina/grenadine). C'est terriblement enfumé à l'intérieur, je distingue les baby foots en enfilade, le juke-box sur la droite et au fond les flippers. Des nanas déposent leurs sacs Longchamp derrière le comptoir, on fait pareil. Y a une pancarte qui dit que le lieu est strictement interdit au moins de seize ans mais on se colle des Royale Menthol dans la bouche et on crapaute pas pour bien montrer qu'on est vieilles. Les mecs s'excitent à mort autour du baby, ils disent pas de gamelles, pas le droit de tirer des demis, je comprends rien. A gauche, il y a les flippers, à droite les jeux électroniques, on me dit que c'est des jeux d'Arcade. Moi, je sais juste jouer au pong avec Alice, c'est un ordi rouge qui ressemble pas mal à mon mange-disque. C'est marrant les jeux se chargent sur mon
http://www.obsolete-tears.com/matra-hachette-alice-machine-17.html

http://www.obsolete-tears.com/matra-hachette-alice-machine-17.html

magnétophone à cassette et la nana sur le mode d'emploi a l'air trop zen yoga, ça dit “Le Basic en Douceur” alors qu'en vrai ça fait trop chier mais mon père il veut qu'on l'apprenne mais ça nous emmerde avec ma soeur alors il nous court après avec son manuel de Basic et on fait pareil que quand ma grand-mère nous parle corse : on se casse en courant. Je m'approche du Juke Box, il y a des tas de 45T au mur. On en a plein à la maison et des pas trop mauvais, elle a des goûts jeunes ma mère. Elle nous a ramené Madness par exemple Night Boat To Cairo avant tout le monde. Ce qu'elle supporte pas c'est les chanteurs français qui font des reprises à trois francs, genre Ringo pour Video Killed The Radio Stars des Buggles lui il chante Dites moi qui est ce grand corbeau noir? Je n'ose y croire. Elle dit que Mireille Mathieu c'est une chèvre puissance douze qui massacre Woman In Love de Barbra Streisand. Elle supporte pas les versions non-originales ma mère, même pour Memory elle fait la difficile, elle dit que Elaine Page l'a crée en premier et que c'est sa version qui est la mieux pas celle de Barbra. Mon père sorti de Brassens, Bobby Lapointe ou Reggiani, il aime pas grand chose. Il a vu plein de monde à l'Alcazar quand il était jeune mais il dit que c'est tous des nazes, surtout Aznavour qu'il trouve sinistre,, ah si son exploit c'est d'avoir acheté l'album Melody Nelson par Gainsbourg avant tout le monde. Moi j'aime pas trop Gainsbourg, je le trouve dégueu, mais Melody Nelson c'est bonnard, surtout “Cargo Culte', je fais que la jouer sur la chaîne de ma mère, celle que je dois pas trop toucher parce que le saphir coûte un bras. On va poser nos vestes sur un flipper au fond de la salle. 




Putain bougez pas je reviens, j'entends un espion derrière la porte de ma chambre.

dimanche 6 août 2017

C'est ma vie, Une telle Honte ou la Théorie du Décalculage.





Fred, Fred, Fred, je n'ai plus que ce prénom à la bouche. Je le vois chaque jour et j'enregistre un peu plus de détails. Il s'est mis un ptit bonnet comme le chanteur de Talk Talk avec juste la mèche qui dépasse. J'aime bien Talk Talk même s'ils sont super vilains, aussi vilains que Tears for Fears. Il y a leurs pochettes de 45T punaisés au dessus du Juke Box à Las Vegas, une salle de jeux qui fait snack aussi en bas de la rue Guy Fabre. Je n'y suis jamais rentrée c'est totally verboten, je pense que si j'y mets un pied ma mère me force à porter un chignon jusqu'à la fin de mes jours. Je sais juste que le patron s'appelle le Baron et que les filles de Troisième qui y sont allées sont super fières parce qu'il leur a fait la bise. Moi aussi j'ai été super fière quand Dédé le chauffeur de la Flèche d'Allauch m' a fait la bise pour la première fois. Dédé, c'est le seul noir de tous les chauffeurs et il est cool, les autres ils font rien que nous engueuler.
Donc je suis toute exaltée, à table avec Fred on se lance des regards mortels, on appelle ça “calculer”, il m'a calculée, il m'a pas calculée. Le décalculage, ça c'est la grosse affaire. Ca marque mal quand on te calcule pas c'est la grosse honte, such a shame quoi. Moi Fred je le calcule à mort, mais Ariane (ma copine Flashdance qui met des guêtres jacquards par dessus ses collants rose fluo) m'a dit que ça marquait mal. Je vais encore m'énerver et écrire comme une rageuse mais je vois pas pourquoi nous les filles on devrait attendre comme des mozzu comme dit ma grand-mère de Lugu-Di-Nazza en Corse. Je crois que je suis crok' de Fredéric, ça y est mon petit cœur d'artichaut va à nouveau morfler. Quelquefois j'ai l'impression que mon coeur c'est comme un mini paquet de Kleenex avec les feuilles toutes serrées à l'intérieur et une fois qu'elles sont sorties c'est trop le bordel pour les faire rentrer à l'intérieur et l'attache en plastique elle saute tout le temps. MARC me recalcule depuis cette semaine, il doit savoir que j'organise une boum pour mon anif et sûrement qu'il doit gratter . Le 9 mars, j'aurais enfin quatorze ans. Et je vais y aller de ma boum moi aussi. En ce moment tout le monde en fait, Roland aussi il en fait une, il me drague comme un malade, il m'a filé sa gourmette mais j'avais déjà celle de mon pote Gabriel au poignet. J'aime trop le prénom Gabriel alors j'ai laissé tomber celle de Roland. On dirait qu'ils se donnent tous le mot pour me brancher alors que moi je suis à fond sur Fred qui bouge pas d'un centimètre. Je dois faire mon explication de français pour demain c'est un poème de Prévert “Le Désespoir est assis sur un banc”. Le mec qui vous appelle quand on passe ou simplement qui vous fait signe mais en vrai il faut se tailler sinon on est trop malheureux avec lui. Comme Fred en fait, il bouge pas plus qu'un mozzu, un bout de bois mort. Ou le chanteur de Talk Talk, qui remue à 2 cm à l'heure alors que la vie se déroule à cent à l heure en arrière-plan.
Trop pas mon humeur du moment.

jeudi 15 juin 2017

Mademoiselle Tête de Bois ou comment je n'ai pas été élue Miss OK.

Oh merde, je suis retombée sur mon ancien journal. Mwahaha mort de rire!  Il est super nunuche, on parlait de Sarah Kay la dernière fois mais rien que la couverture ça vaut son pesant de cacahuètes!
Dedans c'est mortel Je parle pas beaucoup de garçons parce que c'est gênant de l'écrire même maintenant mais c'est cet été là que ça a commencé les slows les bisous et tout le bordel.
(La Bande Son c'est ici)

C'était l'été du slow de PhD, en fait moi je comprenais rien en anglais à l'époque. Je fredonnais juste le refrain en disant “I wannu lai iou donne” mais je pigeais pas, je pensais que le mec il voulait larguer la fille et il lui disait et je pensais “Mais quel enfoiré!!”
En vrai, les paroles c'est pas du tout ça.

I won't let you down, no I won't let you down
I won't let you down, my love
Ca veut dire je VEUX PAS te quitter!

C'est le premier slow que j'ai dansé au bal de la Madrague de Gignac. C'est un slow un peu étrange. Pas vraiment un truc larmoyant avec des déluges de guitares ou des nappes de synthés genre “Hotel California” ou les 10 CC's avec “I'm not in love” (quel enfoiré le mec pour le coup là c'est vrai, je suis pas amoureux mais je te fure quand même, bonjour la mentalité )!. Le couplet pouvait presque se danser séparés, sur un rythme proche du reggae, on avait l'air un peu con, on savait pas trop quoi faire. Puis hop le refrain et alors là scotchage contre le partenaire. J'ai pas eu de bol, c'est un gros moche qui m'a invitée en premier, on l'appelait Olive, ça vous donne une idée du canon que c'était. Moi je craquais sur un autre, un petit brun qui répondait au doux nom de Sifflet, parce qu'il sifflait tout le temps avec les doigts dans la bouche, ça m'impressionnait vachement. C'était la mode des chaussures en plastiques, j'en avais des blanches nacrées que je portais avec une jupe vert d'eau d'inspiration indienne achétée au marché de Carry le Rouet. Je me trouvais très belle comme ça, je doutais de rien il y a deux ans! Enfin, je me suis trouvée belle jusqu'au jour, juste avant le bal d'ailleurs, où ma mère a eu la bonne idée de me couper la frange et me dégrader les cheveux pour faire une coupe “à la lionne” et là ça a été la fin.

Cet été-là à la Madrague de Gignac, je passais mes après-midis affalée dans la chambre d'hôtel d'Ingrid. C'était une copine de vacances, une allemande, brune aux yeux noirs et très bronzée, on aurait plutôt dit une italienne. Elle avait un succès terrible tous les garçons lui couraient après et Sifflet en particulier. J'etais verte, je la trouvais pas géniale, le seul truc c'est qu'elle avait presque quatorze ans, des seins et des fesses couverts de vergetures et qu'elle laissait les mecs y mettre les mains partout. Moi les vergetures je fantasmais dessus je trouvais que ça faisait dame, pour vous dire un peu mon niveau de connerie.

Maquillage du Soir et Coupe Sanglier.
Dans sa chambre on foutait rien à part se mettre du bleu sur les yeux avec les palettes Arcancil. Moi j'y comprenais rien quelle couleur il fallait mettre et où donc je dévorais des tonnes de magazines à la con genre Girls ou OK Podium et là ça t'expliquait tout : comment estomper les ombres à paupières avec un pinceau en poils de martre après l'application au truc en mousse que tu trouvais dans la boîte. Le rose et l'orangé, par exemple, fallait le dégrader jusqu'aux pommettes. Il y avait un maquillage comme ça, ca s'appelait “Le look Hard Chinese” à ne reproduire que dans des circonstances exceptionnelles précisait l'article. Il fallait bien faire la différence entre le maquillage de jour (crème teintée, poudre libre, un soupçon de mascara et de gloss) et le maquillage de soirée où l'on pouvait oser le triplé crayon contour des yeux, duo d'ombres à paupières à étirer avec le pinceau comme j'ai dit plus haut. Les filles ressemblaient toutes à Pia Zadora dans le clip avec Jermaine Jackson mais en moins mordorées plus colorées, au moins au niveau du maquillage et les cheveux en pétard, crêpés à mort. Les photos faisaient mal aux yeux, les fringues avaient des couleurs pas possible, les bandanas et les mitaines étaient fluos bien visibles dans la lumière noire. Ma mère nous avaient acheté la panoplie complète à moi et ma soeur, tu peux dire ce que tu veux mais elle nous a toujours fringuées up to date même si maintenant même pas en rêve elle me file ses conseils en relooking j'ai assez morflé comme ça avec la Coupe Sanglier. Elle y était cette putain de coupe dans Girls aussi, l'article disait qu'elle se remettait en place toute seule, à peine travaillée au gel avec les doigts. Et mon cul c'est du poulet?

Les Merveilleux Cadeaux de Miss OK
Le truc qui me fascinait aussi, c'était Miss OK et son élection. Il y avait un bulletin à remplir, “Deviens toi aussi la Miss Ok 1982!” et il y avait la tête de vainqueur de la nana de l'année d'avant avec tout le bordel adéquat : la mini-vague, le bandana vert-fluo, le maquillage jour/nuit et de grosses créoles pleines en plastique orange ou violet. Elle était entièrement relookée et couverte de cadeaux : en double page on lisait “Découvrez les merveilleux cadeaux de Miss Ok”. Ca allait du walkman à la palette de maquillage avec pleins d'étages différents et des ombres à paupières tant que tu veux. A l'époque, je rêvais d'avoir les yeux bleus des mannequins dans les pubs Rive Gauche de Saint Laurent. Je découpais leurs yeux lourdement fardés pour les coller de notre chambre en lambris au Cabanon, même que je m'étais faite ouvrir par ma mère. En plus Miss OK se faisait du fric, 30 f par jour pour mettre des créoles en plastoc c'était quand même bien payé.
Tête de Vainqueur.
Pour accéder au monde merveilleux de Miss Ok, il fallait remplir un bulletin et recueillir les signatures des amis attestant que l'on méritait d'être la fille la plus OK de l'année. Je l'ai souvent regardé ce bulletin mais rien que ça c'était glaçant. Tu te vois aller gratter l'amitié pour qu'on te signe que t'es une fille trop OK? Laisse béton.


On en discutait avec Ingrid, de ça, de la boum de Sifflet et du bal de la Redonne. Elle se baladait toute nue dans la chambre ou avec des culottes à raies genre Petit Bateau mais en pire. C'est les allemands ça, je suis allée dans un genre de piscine/ sauna l'été dernier à Mannheim toutes les meufs étaient à poil avec des Birkenstocks aux pieds, surtout les vieilles, ça m'a un peu dégoûtée. Elle se foutait du déodorant partout aussi, même là où je pense, ça m'a choquée, des marques allemandes au packaging pas terrible. Moi cette année je suis allée m'acheter toute seule ma première palette Arcancil (mordorée) et un déo Sintony au Prisu des Cinq Avenues. J'adore ce déo, il est tout petit, je le mets dans mon sac Longchamp. La pub Sintony c'est de la drogue dure, la fille ressemble pas mal à une Miss OK en mode maquillage de jour et donne une gifle à un garçon et sa main laisse une marque en forme de coeur sur la joue du gars. Mais c'est surtout la musique qui reste dans la tête, ils en ont même fait un 45 tours.

Geste moqueur,
Un Coup de Coeur
Sintony, Sintony
Dessus, dessous parfume partout
Sintony, Sintony
Mon arme, c'est un coup de charme.
Sourire câlin, geste coquin.
Une couleur pour chaque parfum!



Et la nana a le tee-shirt assorti à la couleur du déo!

Le seul truc, c'est que moi, je pensais que les gifles aux mecs, ça se collait en vrai dans la vie sans problèmes. A la boum de Sifflet, j'ai mis deux vrais taquets au gros Olive qui m'a roulé une pelle avec la langue sans prévenir. Enfin, si il m'a prévenue, il m'a dit “Est-ce que tu veux sortir avec moi?” . Moi, j'avais pas compris, je pensais que ça voulait dire aller au cinéma ensemble. Et j'ai repensé à cet épisode du primaire où un type m'avait demandé si je voulais lui “tailler la pipe” rien que pour voir si j'avais pigé et aussi à cette lettre dans le courrier des lectrices de OK magazine intitulée “C'est pas drôle de sortir avec un glaçon”, à cette pauvre fille qui se désespérait parce que c'était le motif de rupture de son petit ami. Tout à coup une espèce de fureur m'a saisie, je me suis dit que je m'en carrais des conseils en séduction de OK magazine, en gros se maquiller, se coiffer pendant des heures et attendre qu'un gros type vous fasse sa mayonnaise dans la bouche, je trouvais ça débile d'un coup. Je ne savais pas ce qu'on dirait de moi sans doute que j'étais folle comme d'habitude. C'est là que j'ai commencé à m'en foutre et depuis quand ça me reprend, je me dis qu'il peuvent tous se mettre un déo Sintony là où je pense et faire l'avion avec. Tout ce que j'ai gagné cet été là, c'est de me faire bannir de la Madrague de Gignac et lorsque Ingrid s'est barrée, j'avais même plus la chambre d'hôtel pour traîner sur les Ok magazine éparpillés sur le lit.



lundi 1 mai 2017

J'veux pas rentrer chez moi seule ou comment j'ai flairé l'arnaque de Sarah Kay et Pierrot Love.

Voilà ça y est!

J'ai mangé à la cantine toute la semaine, une semaine à base de Quenelles Roses Dégueulasses, de Frites Grasses A Éponger Au Kleenex, de Macédoine Rance et de Mac -Gerbal mais ça ne fait rien. J'étais à la table de Frédéric et pour la première fois on s'est vraiment regardé dans les yeux lui et moi. Il les a détournés immédiatement comme s'il avait peur. On a joué au chat et à la souris comme ça toute la semaine. Mardi, il m'a donné son Ménélik en disant qu'il n'aimait pas mais moi je sais qu'en réalité il adore. Il a fait ça sans me regarder et comme s'il ne me parlait pas mais j'ai pigé le subtil message. Çà m'a remuée et j'ai senti mon cœur qui accélérait.
Mais on s'était toujours pas adressé la parole, il a l'air un peu timide, un peu comme un enfant, je sais pas, je le trouve hyper-touchant. J'ai continué la communication sur le même mode, messages codés type je fais tourner la queue de ma pomme en récitant l'alphabet jusqu'à qu'elle casse et comme par hasard, ça tombe sur le F. Jeudi, attention grand frisson j'ai lancé une série de blagues débiles même pas dignes d'un papier de Carambar et il m'a écouté attentivement avant d'éclater de rire .
Vendredi, je l'ai testé grandeur nature. Comme c'est un peu le chef de la table, il est assis en bout et il se sert en premier (même s'il me sert toujours juste après). J'ai pris sa place alors juste pour voir, il m'a dit de m'en aller mais tout doucement alors comme je suis pas la dernière des connes, je lui ai lancé mon regard suppliant de victime numéro 18. Il a accepté presque sans broncher et est allé s'asseoir contre le mur avec la peinture qui s'écaille, c'est là où on est le plus mal servi. Franchement, c'est la première fois que je faisais un truc pareil et j'étais assez fière.
Ce matin, j'ai découvert mon prénom gravé sur une table entouré de cœurs. Mon coeur a raté un battement, c'est vrai je l'ai senti comme dans cette chanson des Pet Shop Boys.
My heart starts missing a beat
My heart starts missing a beat
every time
Oh oh oh, every time
Jamais depuis mon flirt avec Jean (celui qui me faisait les devoirs de latin) un truc pareil ne m'était arrivé.
J'en ai parlé à Ariane, elle était verte. Çà fait cinq mois que les mecs nous ont mis en quarantaine, depuis que Marc a cassé pour moi et elle, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu'elle est ma copine, ça doit être contagieux . C'est une super bonne danseuse, elle fait du Modern Jazz depuis 100 ans. La choré de Flashdance, c'est les doigts dans le nez pour elle. On est toutes à fond sur Flashdance, on a toutes acheté des guêtres de danseuse qu'on met par dessus les collants pour faire style on sort du cours de danse et on va passer une audition mais en vrai on fait pitié. On a beau s'agiter, transpirer avec les cheveux partout, on est des quiches, enfin moi surtout. J'ai bien essayé la danse classique quand j'avais 10 ans avec une Madame Longuépée, je te jure ça s'invente pas, mais rien que le chignon je supportais pas, avec les crochets qui rentraient bien dans le crâne. Les crochets c'est une obsession de ma mère, je déteste, déjà j'ai horreur qu'on me touche les cheveux. Pour faire un chignon, c'était juste un enfer, elle filait des coups de brosse violentissimes, puis elle faisait une queue de cheval super haut sur le crâne, rien que ça, c'était la mort lente, puis les crochets qui raclaient bien le cuir chevelu pour m'achever. Je me sentais saigner des tifs. J'ai tenu un trimestre avec le chignon, le cache-coeur et les collants chair : demi-pointe, pointe, demi-pointe, talon, fermé, demi-plié, tendu puis j'ai dit fuck. Maintenant je me contente de copier les chorés de Flashdance ou de Footloose et je mets des guêtres vertes par dessus mon collant rose. En fait, j'ai trop envie d'être la Ptite Lady de Vivien Savage dans ma tête, avec les collants pink fluo et un chapeau à voilette sur la tête mais hors de question que je me barre avec un mec à Perfecto et mèche blonde sur les yeux, je reste juste là coincée sur les quais du Métro La Rose ou Cinq Avenues où je fume des Royale Menthol pour me la jouer.

Après la cantine donc, je suis montée dans les étages du Bâtiment Central avec Anne-Lise comme d'hab, c'est le bâtiment qui est complètement Zone Interdite par Saporella mais en fait il y a des toilettes trop chouettes, des toilettes de filles qui ferment, des vraies toilettes pas à la turque, avec des miroirs, du papier et des poubelles. Frédéric nous a vues passer, il était au premier avec ses potes, les toilettes sont au deuxième. Un de ses copain a dit “La voilà.”Il m'a suivie et depuis il me suit tous les midis dans les étages.
Sarah Kay : Bien Sage!
C'est dingue, j'arrive toujours pas à me dire que ce mec a un crush pour moi. J'essaye d'en savoir un peu plus sur lui mais c'est pas évident sans attirer l'attention. Je suis allée faucher la feuille d'appel des 4e 6, juste pour vérifier sa date de naissance et j'ai vu qu'il avait un an de retard. C'est pas un intello donc et d'habitude les pas-intellos ils me jettent plutôt des pierres, en tout cas c'était comme ça en CM2. J'avais que des doublants dans ma classe, personne ne me parlait sauf pour me faire chier ou me tendre des embuscades à la sortie parce que je faisais que lire (quoi faire d'autre quand personne ne vous calcule à la récré), que j'étais Prix d'Excellence (c'était pas dur, ils étaient tous nuls) et que j'avais déjà écrit ma première pièce qu'on a joué pour mon anniversaire. (avec ma grand-mère et ma grand-tante parce que pas d'amis).
Pierrot Love Starter Kit! 
Dans mon carnet de poésie Pierrot Love, j'ai écrit un poème sur ses yeux pers. Je l'ai écrit dans la partie qui a les pages vertes à tranche argentée. Je me suis fâchée avec Marie-Angélique (une copine qui prend la Flèche d'Allauch avec moi) qui dit que j'ai copié le poème du bouquin de Français d'un mec qui écrit sur les yeux de sa nana qui s'appelle Elsa ou un truc comme ça, avec des noyés et des désespérés. Je reconnais que j'ai un peu pompé mais peut être que si je le traduis en anglais ça passera mieux et puis lui ça m'étonnerait qu'il s'en aperçoive. J'en ai marre, on fait que nous offrir des journaux intimes avec des cadenas à la con qui servent à rien, Pierrot Love ou Sarah Kay, il y a des tonnes de pages à remplir et ben merde moi je les remplis, même si c'est qu'avec des conneries. D'abord, moi je reçois jamais de poèmes, personne ne m'en envoie alors je vois pas pourquoi je me priverais d'en écrire. Je sais pas si c'est une très bonne tactique pour draguer les garçons, en fait d'écrire pour eux pour qu'ils vous trouvent plus belles qu'en réalité. Pour l'instant, j'ai rien montré à personne, y a quelques mecs de ma classe qui me voient avec mon cahier Pier Import. Je pense qu'ils ont décidé que j'étais irrécupérable, ils peuvent crever pour que je leur montre le début de la queue de ce que je gribouille. C'est fini le CM2, maintenant plus personne ne va m'emmerder et si je veux écrire à un mec pour dire qu'il a de beaux yeux ben je le fais .
A la récré de 16h , Denis est venu pour monter la cabane, en gros pour savoir si je voulais sortir avec Fred. J'aime pas trop ce type, sous prétexte qu'il a un Dax, un Chabrand et une belle gueule, il se croit tout permis. Il en a profité pour me peloter mais je me suis dégagée et je me suis retenue de lui envoyer mon pied dans les couilles. Ce que ça peut être nul d'être une fille parfois! En gros on n'a que le droit de fermer sa gueule sinon on se fait ignorer de Balzac et on finit seules comme des merdes. Donc Denis a viré ses bras de mon cou, m'a dit “Faut que je te parle” et m'a entraînée dans la Cour d'Honneur, là où on se planque pour fumer et furer. Frédéric qui était à côté a dit “N'écoute pas ce qu'il a te dire!” . Denis m'a lâchée et s'est barré avec ses potes.
Çà m'a rappelé un épisode, l'année dernière, un bon copain de 5e 2 (les Soviétiques), m'a tenue un quart d'heure dans la Cour d'Honneur pour soi-disant me parler d'un truc important mais au final ne m'a rien dit. Je me dis peut-être qu'en vrai ils sont autant morts de trouille que nous, peut-être que pour eux c'est pire, ils ont la pression mais à l'envers. Peut-être qu'ils échafaudent des plans sans fin qu'ils n'osent pas mettre en application. Peut-être qu'ils voient les filles passer, les mecs défiler, en spectateurs, devenant chaque jour un peu plus un ami et un peu moins un amoureux. Peut-être que c'est à nous d'aller les chercher. Peut-être qu'il aiment perdre après tout. Peut-être que ce sont eux les vraies filles. Peut-être que c'est pour ça qu'ils meurent en premier à force de se taire et de pas savoir quoi dire.

Bordel! J'ai m'impression d'être dans cette chanson de Regrets avec la chanteuse complètement jetée, Agathe. (tiens elle a un chignon elle, faut que je lui demande sa technique). J'en ai marre d'être une gentille fille Sarah Kay qui rêve de devenir instit' et de se marier avec un garçon bien nice qui lui offre des fleurs en rougissant, bien sage comme me disait ma grand-mère quand j'avais fini mon assiette. C'est terriblement ennuyeux d'être bien sage, d'attendre qu'on m'invite à danser ou à furer dans la Cour d'Honneur.

PLUS JAMAIS BIEN SAGE !!!

(note de la blogueuse : furer : rouler des pelles en parler marseillais). 





C'est intelligent, j'ai envie d'tuer 
De ram'ner le corps d'un garçon joli 
Pour le tenir blotti ce soir dans mon lit, non… 

J'veux pas rentrer 
J'veux par rentrer chez moi 
J'veux par rentrer chez moi seul