Oh
merde, je suis retombée sur mon ancien journal. Mwahaha mort de
rire! Il est super nunuche, on parlait de Sarah Kay la dernière fois
mais rien que la couverture ça vaut son pesant de cacahuètes!
Dedans
c'est mortel Je parle pas beaucoup de garçons parce que c'est gênant de l'écrire même maintenant mais
c'est cet été là que ça a commencé les slows les bisous et tout
le bordel.
C'était
l'été du slow de PhD, en fait moi je comprenais rien en anglais à
l'époque. Je fredonnais juste le refrain en disant “I wannu lai
iou donne” mais je pigeais pas, je pensais que le mec il voulait
larguer la fille et il lui disait et je pensais “Mais quel
enfoiré!!”
En
vrai, les paroles c'est pas du tout ça.
I
won't let you down, no I won't let you down
I won't let you down, my love
I won't let you down, my love
Ca veut dire je VEUX PAS te
quitter!
C'est
le premier slow que j'ai dansé au bal de la Madrague de Gignac.
C'est un slow un peu étrange. Pas vraiment un truc larmoyant
avec des déluges de guitares ou des nappes de synthés genre “Hotel
California” ou les 10 CC's avec “I'm not in love” (quel enfoiré
le mec pour le coup là c'est vrai, je suis pas amoureux mais je te
fure quand même, bonjour la mentalité )!. Le couplet pouvait
presque se danser séparés, sur un rythme proche du reggae, on avait
l'air un peu con, on savait pas trop quoi faire. Puis hop le refrain
et alors là scotchage contre le partenaire. J'ai pas eu de bol,
c'est un gros moche qui m'a invitée en premier, on l'appelait Olive,
ça vous donne une idée du canon que c'était. Moi je craquais sur
un autre, un petit brun qui répondait au doux nom de Sifflet, parce
qu'il sifflait tout le temps avec les doigts dans la bouche, ça
m'impressionnait vachement. C'était la mode des chaussures en
plastiques, j'en avais des blanches nacrées que je portais avec une
jupe vert d'eau d'inspiration indienne achétée au marché de Carry
le Rouet. Je me trouvais très belle comme ça, je doutais de rien il
y a deux ans! Enfin, je me suis trouvée belle jusqu'au jour, juste
avant le bal d'ailleurs, où ma mère a eu la bonne idée de me
couper la frange et me dégrader les cheveux pour faire une coupe “à
la lionne” et là ça a été la fin.
Cet
été-là à la Madrague de Gignac, je passais mes après-midis
affalée dans la chambre d'hôtel d'Ingrid. C'était une copine de
vacances, une allemande, brune aux yeux noirs et très bronzée, on
aurait plutôt dit une italienne. Elle avait un succès terrible tous
les garçons lui couraient après et Sifflet en particulier. J'etais
verte, je la trouvais pas géniale, le seul truc c'est qu'elle avait
presque quatorze ans, des seins et des fesses couverts de vergetures
et qu'elle laissait les mecs y mettre les mains partout. Moi les
vergetures je fantasmais dessus je trouvais que ça faisait dame,
pour vous dire un peu mon niveau de connerie.
Maquillage du Soir et Coupe Sanglier. |
Les Merveilleux Cadeaux de Miss OK |
Le
truc qui me fascinait aussi, c'était Miss OK et son élection. Il y
avait un bulletin à remplir, “Deviens toi aussi la Miss Ok 1982!”
et il y avait la tête de vainqueur de la nana de l'année d'avant
avec tout le bordel adéquat : la mini-vague, le bandana vert-fluo,
le maquillage jour/nuit et de grosses créoles pleines en plastique
orange ou violet. Elle était entièrement relookée et couverte de
cadeaux : en double page on lisait “Découvrez les merveilleux
cadeaux de Miss Ok”. Ca allait du walkman à la palette de
maquillage avec pleins d'étages différents et des ombres à
paupières tant que tu veux. A l'époque, je rêvais d'avoir les
yeux bleus des mannequins dans les pubs Rive Gauche de Saint
Laurent. Je découpais leurs yeux lourdement fardés pour les coller
de notre chambre en lambris au Cabanon, même que je m'étais faite
ouvrir par ma mère. En plus Miss OK se faisait du fric, 30 f par
jour pour mettre des créoles en plastoc c'était quand même bien
payé.
Tête de Vainqueur. |
Pour
accéder au monde merveilleux de Miss Ok, il fallait remplir un
bulletin et recueillir les signatures des amis attestant que l'on
méritait d'être la fille la plus OK de l'année. Je l'ai souvent
regardé ce bulletin mais rien que ça c'était glaçant. Tu te vois
aller gratter l'amitié pour qu'on te signe que t'es une fille trop
OK? Laisse béton.
On
en discutait avec Ingrid, de ça, de la boum de Sifflet et du bal de
la Redonne. Elle se baladait toute nue dans la chambre ou avec des
culottes à raies genre Petit Bateau mais en pire. C'est les
allemands ça, je suis allée dans un genre de piscine/ sauna l'été
dernier à Mannheim toutes les meufs étaient à poil avec des
Birkenstocks aux pieds, surtout les vieilles, ça m'a un peu
dégoûtée. Elle se foutait du déodorant partout aussi, même là
où je pense, ça m'a choquée, des marques allemandes au packaging
pas terrible. Moi cette année je suis allée m'acheter toute seule
ma première palette Arcancil (mordorée) et un déo Sintony au Prisu
des Cinq Avenues. J'adore ce déo, il est tout petit, je le mets dans
mon sac Longchamp. La pub Sintony c'est de la drogue dure, la fille
ressemble pas mal à une Miss OK en mode maquillage de jour et donne
une gifle à un garçon et sa main laisse une marque en forme de
coeur sur la joue du gars. Mais c'est surtout la musique qui reste
dans la tête, ils en ont même fait un 45 tours.
Geste
moqueur,
Un
Coup de Coeur
Sintony,
Sintony
Dessus,
dessous parfume partout
Sintony,
Sintony
Mon
arme, c'est un coup de charme.
Sourire
câlin, geste coquin.
Une
couleur pour chaque parfum!
Et
la nana a le tee-shirt assorti à la couleur du déo!
Le
seul truc, c'est que moi, je pensais que les gifles aux mecs, ça se
collait en vrai dans la vie sans problèmes. A la boum de Sifflet,
j'ai mis deux vrais taquets au gros Olive qui m'a roulé une pelle
avec la langue sans prévenir. Enfin, si il m'a prévenue, il m'a
dit “Est-ce que tu veux sortir avec moi?” . Moi, j'avais pas
compris, je pensais que ça voulait dire aller au cinéma ensemble.
Et j'ai repensé à cet épisode du primaire où un type m'avait
demandé si je voulais lui “tailler la pipe” rien que pour voir
si j'avais pigé et aussi à cette lettre dans le courrier des
lectrices de OK magazine intitulée “C'est pas drôle de sortir
avec un glaçon”, à cette pauvre fille qui se désespérait parce
que c'était le motif de rupture de son petit ami. Tout à coup une
espèce de fureur m'a saisie, je me suis dit que je m'en carrais des
conseils en séduction de OK magazine, en gros se maquiller, se
coiffer pendant des heures et attendre qu'un gros type vous fasse sa
mayonnaise dans la bouche, je trouvais ça débile d'un coup. Je ne
savais pas ce qu'on dirait de moi sans doute que j'étais folle comme
d'habitude. C'est là que j'ai commencé à m'en foutre et depuis
quand ça me reprend, je me dis qu'il peuvent tous se mettre un déo
Sintony là où je pense et faire l'avion avec. Tout ce que j'ai
gagné cet été là, c'est de me faire bannir de la Madrague de
Gignac et lorsque Ingrid s'est barrée, j'avais même plus la chambre
d'hôtel pour traîner sur les Ok magazine éparpillés sur le lit.
La conclusion sur le Sintony, j'en peux pleure encore de rire. Mais pourquoi les a-t-on arrêtés ?
RépondreSupprimerBisous ��
http://www.eighties.fr/publicite/489-deodorants-disparus.html
RépondreSupprimerMa bible! Merci Adeline ça fait plaisir
"Ils peuvent tous aller se mettre un déo Sintony là où je pense et faire l'avion avec!" Magique!
RépondreSupprimerheureusement la taille du Sintony est quand même modeste
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