dimanche 6 août 2017

C'est ma vie, Une telle Honte ou la Théorie du Décalculage.





Fred, Fred, Fred, je n'ai plus que ce prénom à la bouche. Je le vois chaque jour et j'enregistre un peu plus de détails. Il s'est mis un ptit bonnet comme le chanteur de Talk Talk avec juste la mèche qui dépasse. J'aime bien Talk Talk même s'ils sont super vilains, aussi vilains que Tears for Fears. Il y a leurs pochettes de 45T punaisés au dessus du Juke Box à Las Vegas, une salle de jeux qui fait snack aussi en bas de la rue Guy Fabre. Je n'y suis jamais rentrée c'est totally verboten, je pense que si j'y mets un pied ma mère me force à porter un chignon jusqu'à la fin de mes jours. Je sais juste que le patron s'appelle le Baron et que les filles de Troisième qui y sont allées sont super fières parce qu'il leur a fait la bise. Moi aussi j'ai été super fière quand Dédé le chauffeur de la Flèche d'Allauch m' a fait la bise pour la première fois. Dédé, c'est le seul noir de tous les chauffeurs et il est cool, les autres ils font rien que nous engueuler.
Donc je suis toute exaltée, à table avec Fred on se lance des regards mortels, on appelle ça “calculer”, il m'a calculée, il m'a pas calculée. Le décalculage, ça c'est la grosse affaire. Ca marque mal quand on te calcule pas c'est la grosse honte, such a shame quoi. Moi Fred je le calcule à mort, mais Ariane (ma copine Flashdance qui met des guêtres jacquards par dessus ses collants rose fluo) m'a dit que ça marquait mal. Je vais encore m'énerver et écrire comme une rageuse mais je vois pas pourquoi nous les filles on devrait attendre comme des mozzu comme dit ma grand-mère de Lugu-Di-Nazza en Corse. Je crois que je suis crok' de Fredéric, ça y est mon petit cœur d'artichaut va à nouveau morfler. Quelquefois j'ai l'impression que mon coeur c'est comme un mini paquet de Kleenex avec les feuilles toutes serrées à l'intérieur et une fois qu'elles sont sorties c'est trop le bordel pour les faire rentrer à l'intérieur et l'attache en plastique elle saute tout le temps. MARC me recalcule depuis cette semaine, il doit savoir que j'organise une boum pour mon anif et sûrement qu'il doit gratter . Le 9 mars, j'aurais enfin quatorze ans. Et je vais y aller de ma boum moi aussi. En ce moment tout le monde en fait, Roland aussi il en fait une, il me drague comme un malade, il m'a filé sa gourmette mais j'avais déjà celle de mon pote Gabriel au poignet. J'aime trop le prénom Gabriel alors j'ai laissé tomber celle de Roland. On dirait qu'ils se donnent tous le mot pour me brancher alors que moi je suis à fond sur Fred qui bouge pas d'un centimètre. Je dois faire mon explication de français pour demain c'est un poème de Prévert “Le Désespoir est assis sur un banc”. Le mec qui vous appelle quand on passe ou simplement qui vous fait signe mais en vrai il faut se tailler sinon on est trop malheureux avec lui. Comme Fred en fait, il bouge pas plus qu'un mozzu, un bout de bois mort. Ou le chanteur de Talk Talk, qui remue à 2 cm à l'heure alors que la vie se déroule à cent à l heure en arrière-plan.
Trop pas mon humeur du moment.

5 commentaires:

  1. La punition du chignon franchement, je n'y avais pas pensé. Mais c'est très bon. Avec ou sans filet ?
    Gros bisous

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    1. sans filet mais c'était déjà assez horrible comme ca! Merci pour le soutien et le partage bises

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  2. la torture du chignon c'est là
    J'ai bien essayé la danse classique quand j'avais 10 ans avec une Madame Longuépée, je te jure ça s'invente pas, mais rien que le chignon je supportais pas, avec les crochets qui rentraient bien dans le crâne. Les crochets c'est une obsession de ma mère, je déteste, déjà j'ai horreur qu'on me touche les cheveux. Pour faire un chignon, c'était juste un enfer, elle filait des coups de brosse violentissimes, puis elle faisait une queue de cheval super haut sur le crâne, rien que ça, c'était la mort lente, puis les crochets qui raclaient bien le cuir chevelu pour m'achever. Je me sentais saigner des tifs.

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